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CONCERT DE ERIC BURDON A L'OLYMPIA LE 8 OCTOBRE 2019

Article: OLIVIER CARLE

Photos : Th Cattier/ Shooting Idols

Impossible de rater ce concert d'adieu d'Eric Burdon à l'Olympia d'autant que je ne l'avais jamais vu auparavant sur scène ! J'étais allé voir une version des Animals en 2014 avec John Steel et Mick Gallagher mais Eric n'était bien évidemment pas de la partie pour cause de litige persistant entre les musiciens de ce groupe culte... Or LA voix des Animals c'est bien évidemment lui et lui seul ! Beaucoup d'émotion donc au moment de rentrer dans l'Olympia pour cet unique et ultime
concert parisien.

Lorsque je pénètre dans la salle c'est Mister Mat qui est sur scène pour présenter son premier EP intitulé “Freedom”. Indiscutablement ce guitariste-chanteur doit déjà avoir de nombreuses années de carrière derrière lui car il joue extrêmement bien de la guitare et a une voix qui sent le vécu et qui sonne un peu comme celle de Bernie Bonvoisin... Tout seul donc, il va réussir à se mettre dans la poche le public de l'Olympia notamment avec sa reprise-performance de “Georgia On My Mind” ! Signé sur le label Decca France, je pense que cet artiste n'a pas fini de faire parler de lui... Jolie découverte en tout cas !

C'est maintenant Mister Burdon qui monte sur scène avec ses ses 6 acolytes : guitare, basse, batterie, clavier, saxo/flûte, trombone. Il débute avec le très bon “Mama Told Me Not To Come” de Randy Newman et on sent que la voix est toujours là même si parfois elle pourra légèrement dérailler ici ou là durant la soirée. Des reprises il y en aura pas mal ce soir et d'ailleurs c'est sur le “Soul Of A Man”, gospel blues de 1930 de Blind Willie Johnson, qu'on enchaîne pour une version très groovy, proche de celle de l'album solo du même nom d'Eric sorti en 2006. On reste dans le groove avec l'excellent “Spill The Wine” de son glorieux passé avec War. Ca commence à bouger dans l'assistance... On continue dans les années War avec le très langoureux “Mother Earth” et Eric nous explique qu'en 1966 il passait des soirées entières aux Trois Maillets de St Germain Des Prés à regarder ce légendaire musicien qu'est Memphis Slim, créateur de ce morceau. On reste dans les légendes du blues avec Leadbelly et son “In The Pines” pour sans doute un des meilleurs moments de ce concert car il permet à Eric de montrer toute l'étendue de son talent vocal. Cela m'amène d'ailleurs à la seule petite critique que j'émettrai sur cette soirée, à savoir la très nette sous-utilisation des fabuleux musiciens qui l'entourent. En-effet, à part le cuivre (trombone) et le bois (saxo/flûte) qui bénéficieront de temps en temps de leur “heure de gloire”, les quatre autres font plus office de faire-valoir qu'autre chose... Pas un solo de guitare en vue, d'ailleurs on entend assez peu le guitariste, très effacé. La basse et la batterie sont branchées sur le minimum syndical et le clavier semble s'auto-brider tout du long. Dommage car cela aurait permis à certains morceaux de réellement prendre de l'ampleur et éventuellement de faire durer le plaisir un peu plus longtemps parce qu'une heure vingt c'est court ! Retour au répertoire des Animals avec “When I Was Young” et “It's My Life”, deux titres tout à fait adaptés à cette soirée nostalgique et chantés avec beaucoup de feeling par Eric qui fête quand même cette année ses 78 printemps. Mais voici que retentit la mélodie bien connue de “Don't Let Be Misunderstood”, le tube des Animals de 1965, écrit à l'origine par la grande Nina Simone. Autre hit incontournable mais de 1964 cette fois, c'est “House Of The Rising Sun”, popularisé en France par Johnny et son “Pénitencier”. Eric dit souvent dans ses interviews qu'il en a marre de la chanter depuis 55 ans mais bon il ne peut pas faire l'impasse sans déclencher une émeute chez les nombreux seniors ! Il quitte maintenant la scène après à peine une heure de spectacle mais reviendra fort heureusement pour deux rappels très attendus... Magnifique version tout d'abord de “Motherless Children”, un negro spiritual du 19ème siècle, avant le tube de 1966 des Animals “Don't Bring Me Down” et son côté très Spencer Davis Group. Et on ne s'arrête pas en si bon chemin avec le “Bring It On Home To Me” de Sam Cooke qui fut un autre hit des Animals en 1965... Olympia oblige, Eric décide ensuite de reprendre le “Non Je Ne Regrette Rien” d'Edith Piaf dans sa version anglaise “No Regrets” et c'est un autre moment très émouvant de la soirée ! Dans un souhait évident de reprendre tous les tubes de l'année 1965 des Animals, Mister Burdon se lance dans un “We Gotta Get Out Of This Place” bourré d'énergie alors que tout l'Olympia est debout... Pour finir ce retour vers le passé, rien de mieux qu'un “Hold On, I'm Comin'” de Sam & Dave qui fait mouche à chaque fois !

Comme je l'ai dit plus tôt, le concert d'adieu d'Eric Burdon aurait pu durer un peu plus longtemps et ses musiciens être un peu plus impliqués mais ne boudons pas notre plaisir car c'était bel et bien la dernière occasion de voir et surtout d'écouter cette grande voix du rock, du blues et du rhythm’n’blues de ces 55 dernières années...

Merci à Yazid Manou...

Article: OLIVIER CARLE